Traitement préventif de l’inclusion de la canine maxillaire – partie 2

Deuxième partie

Par Jean Marie Korbendau et Antonio Patti

Les problèmes éruptifs peuvent apparaître en l’absence d’encombrement, alors que la distance entre les cryptes osseuses des canines, situées de part et d’autre de l’orifice piriforme, est normale.

Chemins d’éruption ectopiques avec une croissance osseuse normale

Rappelons que l’arrivée de la canine en normoposition sur l’arcade est conditionnée par quatre facteurs :
– La position du germe dans la crypte osseuse
– L’orientation du trajet d’éruption
– La normoposition et la forme de l’incisive latérale
– La dimension de l’espace canin sur l’arcade.

Mais en plus de ces conditions, il est indispensable que le couloir de migration existe effectivement entre la première prémolaire et l’incisive latérale, depuis la crypte osseuse jusqu’au plan d’occlusion. Si ce couloir n’est pas défini par la racine de la latérale, la canine progresse souvent en direction du plan sagittal médian. Ainsi, dans le cas d’agénésie de la latérale, on peut fréquemment constater l’inclusion de la canine en dystopie palatine.

La déviation du trajet d’éruption peut être observée dès l’âge de 9 ans. Si la canine permanente présente une inclinaison coronomésiale, son grand axe fait un angle avec le plan sagittal médian que l’on peut identifier sur un cliché panoramique, mais qu’il est préférable de mesurer sur une téléradiographie frontale. Quand cet angle est supérieur à 10°, la couronne franchit la ligne verticale de référence qui correspond à l’axe de la paroi externe des fosses nasales. Plus cet angle est grand, moins bon est le pronostic. La couronne se superpose à la racine de la latérale et le trajet d’éruption devient dans ce cas ectopique. Une canine, qui traverse en diagonal le processus alvéolaire, se superpose d’abord au tiers apical de la racine de la latérale, puis, en se rapprochant du plan sagittal médian, peut venir croiser la racine de la centrale, à proximité de sa jonction amélocémentaire.

Le contrôle radiologique à 6 mois d’intervalle permet d’observer, dans certain cas, le redressement spontané de l’axe canin, ou bien à l’inverse, l’ouverture de l’angle d’éruption.

Extraction de la canine temporaire

De nombreux auteurs ont mentionné que cette extraction a souvent un effet favorable sur le changement d’orientation du trajet d’éruption de la canine permanente, s’il s’agit effectivement d’une migration palatine. La dent semblerait se déplacer dans la zone de moindre résistance du nouvel os réorganisé dans le site de l’extraction.

L’extraction de la dent lactéale devrait être effectuée entre 10 et 13 ans, car avant 10 ans la correction de la malposition peut se produire spontanément.

Les effets de ce traitement se manifestent entre 6 et 18 mois après l’extraction. Dans le cas où aucune modification n’est survenue, il faut envisager un traitement alternatif.
Le degré de recouvrement horizontal est un facteur déterminant du changement d’orientation. L’étude longitudinale d’Ericson et Kurol (1988), portant sur 46 canines, montre que le changement d’orientation s’opère dans 78% des cas au cours des 18 mois qui suivent l’extraction de la dent temporaire. Mais ce pourcentage s’élève à 91% quand la pointe cuspidienne ne dépasse pas la moitié de la racine de la latérale.
L’émergence de la canine en bonne position sur l’arcade suppose également que l’espace canin a été maintenu – ou même élargi – après les extractions.

Extractions des dents surnuméraires et odontomes

Les dents surnuméraires et les odontomes constituent souvent un obstacle à la migration intraosseuse d’une incisive permanente, mais cette éventualité est beaucoup plus rare pour ce qui concerne les canines maxillaires.
Un examen radiographique de dépistage systématique doit être envisagé vers l’âge de 9 ans, au cours de la première période de transition de la denture mixte, mais il est souhaitable que ces dents soient extraites plus précocement avant l’apparition des problèmes, dès qu’un retard d’éruption est soupçonné.

En conclusion, quand l’orthodontiste dépiste précocement les signes d’un trajet ectopique – en particulier celui de la canine maxillaire -, il peut tenter de le prévenir ou de le corriger pour éviter ses conséquences défavorables et la mise en œuvre d’un traitement chirurgico-orthodontique parfois complexe.

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