Traitement préventif de l’inclusion de la canine maxillaire – partie 1

Première partie

Par Jean Marie Korbendau et Antonio Patti

Le traitement préventif des inclusions dentaires concerne toutes les dents successionnelles, mais en premier lieu la canine maxillaire. Il peut s’agir d’un traitement ciblé sur l’arcade dentaire pour préparer une place en rapport avec le diamètre mésiodistal de la dent, ou d’un traitement concernant les bases osseuses et notamment le prémaxillaire.

L’inclusion de la canine peut être évitée chez l’adolescent, lorsque l’examen précoce révèle l’une de ces trois situations à risque :

  • il existe tous les signes précurseurs d’un encombrement incisivocanin avec un hypodéveloppement du prémaxillaire
  • l’examen panoramique révèle une déviation importante du trajet d’éruption des canines vers le plan sagittal médian, en dépit d’un développement maxillaire normal
  • une dent surnuméraire ou un odontome représente un obstacle qui empêche la canine de prendre sa place sur l’arcade.
  • Un traitement approprié peut être proposé en fonction de l’âge du sujet pour éviter la mise en place chirurgico-orthodontique de la dent.

Encombrement incisivocanin : aménagement d’un couloir d’éruption

Vers l’âge de 6 ou 7 ans, lorsque la minéralisation de sa couronne est achevée, la canine est en phase éruptive. Sa racine s’édifie, en-dehors de la paroi osseuse des fosses nasales, dans la crypte osseuse précédemment occupée par sa couronne. La distance intercanine correspond de ce fait à la largeur de l’orifice piriforme. En conséquence, si les fosses nasales sont normalement développées, le couloir d’éruption de la canine est formé par la paroi distale de la racine de l’incisive latérale ; mais dans le cas où les fosses nasales sont étroites, la canine glisse, en dehors, sur la paroi vestibulaire des racines de la latérale. Cette dent présente souvent une version coronaire distovestibulaire.
L’insuffisance du développement du prémaxillaire provoque donc la disparition du couloir d’éruption de la canine. Pour rétablir l’espace nécessaire à la migration intraosseuse de la dent, il faut mettre en œuvre une expansion précoce, avant l’âge de 12 ans, de la partie antérieure de la suture intermaxillaire. Cette expansion entraîne celle de l’orifice piriforme et permet un alignement dentaire incisif correct et stable avec un bon soutien de l’enveloppe faciale, des seuils narinaires. Le déplacement des germes des canines permanentes est alors observé.

Modalité de l’expansion

L’expansion thérapeutique doit respecter l’intégrité anatomique de la suture membraneuse en croissance, en particulier la continuité des fibres de collagène de la zone ostéogénique. Pour être efficace, la mécanique orthopédique doit mettre en tension les fibres de collagène des berges osseuses sans les rompre. Ce qui nécessite une expansion lente, des forces plus douces que celles délivrées par le disjoncteur rapide. L’expansion de la suture interincisive permet en quelques mois le déplacement distal des incisives, de part et d’autre de la suture, sans ouverture de diastème la sertissure gingivale l’en empêchant. Les centrales se déplacent simultanément vers le plan sagittal médian, contrairement à ce qui se passe durant l’expansion rapide où les incisives centrales sont brutalement séparées au cours de la disjonction.
Le Quadhélix, par sa souplesse, semble être l’appareil d’élection pour remplir ce rôle. En denture mixte, il a les mêmes indications que le disjoncteur. Il doit être activé d’emblée pour minimiser les mouvements dentaires et privilégier les mouvements orthopédiques.

Moyens complémentaires destinés à recréer le couloir éruptif

Dans la mesure où il existe à la mandibule une dysharmonie dentomaxillaire importante nécessitant l’extraction de prémolaires, il peut aussi être nécessaire d’extraire au maxillaire. Dans le cas contraire, il est préférable de recréer le couloir éruptif par expansion, par distalisation des secteurs latéraux ou avancement du groupe incisif.

L’examen céphalométrique permet de faire le diagnostic différentiel : doit-on avancer le groupe incisif, doit-on reculer le ou les secteurs latéraux, faut-t-il prévoir des extractions de prémolaires pour corriger cette dysharmonie ?

La suite… au prochain article…

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